De plus en plus de personnes sont touchées par cette maladie, à tel point que le diabète est aujourd’hui qualifié d’épidémie par les instances de santé à travers le monde ! On distingue 2 principaux diabètes, appelés type 1 et type 2. Mais que se cache-t-il derrière ces dénominations un peu barbares ? S’agit-il de la même pathologie ? Après avoir exposé les différences entre diabète de type 1 et 2, je vous expliquerai quelles en sont les causes et les risques de complications, notamment sur le système cardiovasculaire. Dans une dernière partie, j’évoquerai les pratiques qui permettent de prévenir et de mieux vivre au quotidien avec la maladie.
Qu’est-ce que le diabète ?
Le diabète, qu’il soit de type 1 ou de type 2, touche de plus en plus de personnes. En 2023, quasiment 4 millions de Français ont été recensés comme diabétiques selon l’assurance maladie, principalement des personnes âgées. Et ce chiffre est en constante augmentation, frappant même une population de plus en plus jeune !
Ce phénomène est notamment dû à l’espérance de vie qui augmente, mais pas seulement ! Cette tendance découle essentiellement de nos modes de vie moderne, marqués par la sédentarité et la consommation d’aliments trop riches en gras, sucre, sel et pauvres en fibres. Cette alimentation déséquilibrée perturbe plusieurs fonctions métaboliques essentielles et favorise l’apparition de maladies comme le diabète.
Définition et symptômes du diabète
Le diabète est une maladie chronique, en d’autres termes une affection de longue durée et évolutive au fil du temps. Cette pathologie se caractérise par un dérèglement du métabolisme des glucides qui entraîne un excès de sucre dans le sang, appelé hyperglycémie. La maladie impacte malheureusement le quotidien des diabétiques et des adaptations du mode de vie, notamment au niveau alimentaire, sont nécessaires pour limiter les complications à long terme.
Ce déséquilibre en sucre ou glucose dans le sang est causé par une déficience de la sécrétion ou de l’action de l’insuline. En effet, le pancréas qui s’apparente à une glande située derrière notre estomac joue un rôle très important au sein de notre corps en particulier dans le métabolisme des glucides. En plus de remplir des fonctions digestives, le pancréas sécrète une hormone, l’insuline, qui permet l’absorption du glucose présent dans notre sang par nos cellules.
Le glucose, plus communément appelé sucre, est le carburant principal de notre organisme. Il est indispensable pour le bon fonctionnement de notre cerveau et de nos globules rouges qui transportent l'oxygène. De plus, il fournit de l'énergie à nos muscles lors d'efforts physiques intenses et peut être stocké dans le foie, les muscles ou le tissu adipeux, pour être réutilisé par l'organisme lorsqu'il en a besoin.
Lorsque nous mangeons, les glucides (ou sucres) présents dans les aliments sont absorbés au niveau de l'intestin pour se retrouver dans notre sang et ainsi être distribués aux organes. C'est là qu'intervient l'insuline. Elle agit telle une clé ouvrant la porte de nos cellules au glucose pour y être assimilé et utilisé comme énergie.

Dans le cas d’un sujet diabétique, l’insuline ne joue pas son rôle (par manque de quantité ou d’efficacité) et le glucose s’accumule dans le sang. En résultent des épisodes d’hyperglycémie dont les symptômes sont variés :
• des phases de fatigue importante ;
• une envie d’uriner fréquente ;
• une perte de poids inexpliquée ;
• une sensation de langue sèche et une soif récurrente ;
• des troubles de la vision ;
• etc.
À titre de comparaison, une glycémie normale pour un sujet à jeun se situe entre 0,7 et 1,1 g/L de sang. Celui d’un diabétique dépasse les 1,26 g/L de sang sans prise en charge.
En présence répétée de ces symptômes et sans diagnostic établi, il est crucial de consulter rapidement un médecin pour réaliser un dépistage.
Différences entre diabète de type 1 et 2 : des causes bien distinctes
Nous venons d’exposer l’impact de cette maladie sur l’organisme, mais quelles sont les différences entre diabète de type 1 et 2 ?
L’origine du diabète de type 1 : une maladie auto-immune qui se déclare tôt
Même si le diabète de type 1 ou DT1 peut être diagnostiqué à tout âge, il est souvent déclaré tôt chez l’enfant ou l’adolescent (jeunes de moins de 20 ans). Le DT1 est une maladie auto-immune, c’est-à-dire le résultat d’une anomalie de fonctionnement du système immunitaire. Ce dysfonctionnement se caractérise par la production d'anticorps qui détruisent progressivement les cellules sécrétrices de l'insuline (cellules bêta) regroupées au sein du pancréas sous forme d'îlots, appelés îlots de Langerhans.

L’origine de cette maladie qui touche environ 6 % des diabétiques s’explique principalement par une prédisposition génétique. Toutefois, selon plusieurs études scientifiques, il semblerait qu'au-delà de l'aspect héréditaire, des facteurs environnementaux viennent favoriser la survenue du DT1. On peut notamment citer :
• l’exposition à certaines familles de virus, et notamment l’infection à entérovirus ;
• le type d’alimentation dans les premiers mois de l’enfant (allaitement maternel VS lait infantile) ;
• d’éventuelles maladies contractées pouvant toucher le pancréas (inflammation, mucoviscidose, etc.).
L’origine du diabète de type 2 : le résultat de la sédentarité et d’une alimentation déséquilibrée
Même si les antécédents familiaux ont un rôle comme dans le cas du diabète de type 1, les facteurs d’origine du diabète de type 2 ou DT2 sont principalement le manque d’activité physique et une alimentation trop riche. La combinaison de ces deux tendances peut amener à un surpoids ou une obésité qui, au travers de nombreuses réactions métaboliques, favorisent l’apparition du DT2.
En effet, lors d’une surcharge pondérale, les cellules de certains organes comme le foie, les muscles ou le tissu adipeux deviennent de moins en moins sensibles à l’action de l’insuline (l’insulinorésistance). Le glucose ne rentre plus suffisamment dans les cellules et s’accumule dans le sang, entraînant une hyperglycémie. Pour la contrer, le pancréas va sécréter plus d’insuline. Cette cascade d’évènement va s’intensifier avec le temps jusqu’à mener à une baisse de production de l’insuline par le pancréas qui s’épuise : c’est ce qu’on appelle l’insulinodéficience.
L’évolution de cette pathologie est lente et silencieuse, ce qui explique que de nombreuses personnes sont diagnostiquées à un stade déjà avancé de la maladie, voire avec des complications déjà présentes.
Les impacts du diabète sur la santé et sur le système cardiovasculaire
De l'hyperglycémie aux lésions microvasculaires : des risques multiples
Sur le long terme, le diabète peut avoir de multiples répercussions sur la santé. En affectant les petits vaisseaux sanguins (microangiopathies), il peut entraîner diverses complications telles que :
• la neuropathie diabétique : elle peut être caractérisée de périphérique et va impacter les connexions nerveuses au niveau des muscles (perte de mobilité des membres et des réflexes) et altérer l’épiderme avec une baisse de la sensibilité (toucher, insensibilité à la douleur ou au contraire une hypersensibilité de la peau). La neuropathie peut également toucher le système nerveux dit autonome et va avoir des répercussions sur l’appareil digestif, le système urinaire…
• La rétinopathie diabétique : Il s’agit là d’une atteinte des vaisseaux capillaires qui irriguent les yeux et plus particulièrement la rétine. Cette pathologie est au début asymptomatique, puis engendre des troubles de la vue pouvant aller jusqu’à la cécité.
• la néphropathie diabétique : comme pour les maladies déjà évoquées, l’atteinte touche cette fois le système vasculaire des reins. En résulte une perte d’efficacité de la fonction filtrante de l’organe ce qui peut entraîner une insuffisance rénale.
Du diabète aux complications artérielles : comprendre le lien
Le système cardiovasculaire est particulièrement vulnérable face au diabète. En effet, les personnes diabétiques présentent un risque 2 à 4 fois plus important de développer des maladies cardiovasculaires, selon la Fédération Française des Diabétiques. Cette vulnérabilité s’explique notamment par les effets de l’hyperglycémie chronique : le taux élevé de sucre dans le sang favorise l’accumulation de graisses sur les parois internes des artères coronaires. Cette accumulation, appelée plaque d’athérome, rétrécit progressivement le diamètre interne des artères (sténose). Cette situation est particulièrement dangereuse, car elle peut mener à des complications graves :
Au niveau du cœur, une insuffisance coronarienne peut se mettre en place et conduire à un infarctus du myocarde (crise cardiaque).
Au niveau des membres inférieurs, cela favorise la formation de thrombose et réduit l’apport sanguin entraînant des symptômes tels que les crampes, des douleurs nocturnes ou qui surviennent durant la marche. On parle d’artériopathie oblitérante des membres inférieurs (AOMI).
Au niveau cérébral, l’accident vasculaire cérébral (AVC) est favorisé par l’hypertension artérielle et l’athérosclérose.
La glycémie élevée favorise le risque accru d’infection
Le diabète crée un terrain particulièrement propice aux infections. En effet, l'hyperglycémie chronique facilite la prolifération et la circulation des agents infectieux dans l'organisme. Face à une infection, le corps déclenche une réponse immunitaire qui provoque une insulinorésistance des tissus et une élévation de la glycémie. Cette réaction crée in fine un cercle vicieux qui aggrave le déséquilibre glycémique déjà existant.
Parmi les complications infectieuses du diabète, le pied diabétique représente l'une des manifestations les plus sévères.
Cette pathologie complexe associe les effets de la neuropathie diabétique, qui diminue la sensibilité du pied, aux troubles de la circulation sanguine et à la vulnérabilité accrue aux infections. Une simple plaie peut ainsi passer inaperçue et rapidement s'infecter, évoluant vers des lésions profondes potentiellement graves. Sans prise en charge précoce et adaptée, le risque d'infection généralisée et de nécrose tissulaire peut conduire à l'amputation du membre inférieur, avec des conséquences majeures sur l'autonomie et la qualité de vie du patient.
Face à la gravité et à la diversité des complications liées au diabète, qu’il soit de type 1 ou 2, une approche thérapeutique complète est indispensable. Cela implique l’adoption d’un mode de vie plus sain avec une alimentation variée, équilibrée et une activité physique régulière, et nécessite un suivi médical approfondi. C’est ce que nous allons voir dans cette dernière partie.
Comment gérer le diabète et prévenir les complications ?
Une gestion de la maladie bien différente suivant le type de diabète
La gestion du diabète, qu’il soit de type 1 ou 2, nécessite une approche globale intégrant de multiples paramètres. Au cœur de cette prise en charge, le contrôle glycémique (et l’administration d’insuline pour le DT1) joue un rôle primordial. L’objectif principal est de maintenir le patient dans des plages glycémiques ciblées, tout en limitant les variations importantes.
Gestion du diabète de type 1
Pour les personnes atteintes de DT1, ce suivi repose essentiellement sur l’autosurveillance glycémique quotidienne.
Ces opérations sont réalisées en autonomie par le diabétique selon deux méthodes. Il peut soit utiliser un autopiqueur et un lecteur de glycémie pour analyser une goutte de sang, soit opter pour un capteur implanté à l’arrière du bras qui transmet les données à un lecteur ou une application smartphone (ce dispositif est aussi appelé système flash).

Bien entendu, ces contrôles fréquents représentent une réelle contrainte dans le quotidien des personnes touchées par cette maladie. En plus de cet aspect, chaque relevé glycémique supérieur ou inférieur aux valeurs de référence doit faire l’objet d’une solution palliative immédiate :
Soit par injection d’insuline en cas d’hyperglycémie ;
Soit par prise de sucres pour les épisodes plus rares d’hypoglycémie (hypoglycémie nocturne ou lors d’un effort physique).
Les fabricants des dispositifs destinés aux diabétiques ont investi massivement en recherche et développement et proposent aujourd'hui des solutions beaucoup moins chronophages pour les malades.
Ainsi les systèmes actuels intègrent une pompe à insuline connectée à un boîtier principal, permettant de programmer et d’administrer les doses nécessaires à la régulation de la glycémie. Cette approche, appelée gestion en boucle ouverte, a déjà considérablement amélioré le quotidien des patients.
Récemment, les avancées technologiques ont permis d’aller encore plus loin dans l’automatisation du traitement. Les nouveaux dispositifs, fonctionnant en boucle fermée, combinent les données du capteur de glycémie avec une analyse en temps réel effectuée par logiciel. L’algorithme du système permet ainsi d’ajuster automatiquement la délivrance d’insuline en fonction des objectifs glycémiques programmés.
Cette automatisation représente une avancée majeure, particulièrement précieuse dans les moments propices aux variations de la glycémie comme les repas ou la nuit. Elle permet de prévenir et de corriger efficacement les épisodes d’hypoglycémie ou d’hyperglycémie.
Gestion du diabète de type 2
Le diabète de type 2 bénéficie d’une surveillance et d’une gestion plus souple que le TD1. Le suivi glycémique ne nécessite pas de relevés quotidiens, mais s’organise principalement autour d’une analyse trimestrielle : le dosage de l’hémoglobine glyquée (HbA1c). Cette mesure offre aux professionnels de santé une tendance du taux de glucose sanguin sur les trois derniers mois. Bien que cette moyenne ne reflète pas les variations glycémiques quotidiennes, elle permet d’évaluer l’efficacité du traitement et des mesures hygiéno diététiques et ainsi d’ajuster la prise en charge si besoin.
Le suivi du diabète de type 2 s’articule autour d’un diagnostic initial établi par le médecin généraliste, suivi de consultations régulières permettant d’adapter le traitement selon l’évolution de la maladie. L’approche thérapeutique personnalisée dépend de la sévérité du diabète et des symptômes observés lors du dépistage.
Pour les cas légers, sans symptômes graves, la première étape consiste souvent en une prise en charge non médicamenteuse, centrée sur l’adaptation des habitudes de vie. En revanche, les patients plus vulnérables nécessitent généralement un traitement antidiabétique associé à des mesures hygiéno-diététiques (alimentation adaptée et activité physique).
Dans les 2 cas de diabète, l’adoption d’un mode de vie plus sain constitue un pilier essentiel du traitement, favorisant non seulement l’efficacité de la prise en charge, mais permettant également de limiter les complications liées au diabète.
L’importance d’adopter des habitudes de vie saines pour limiter les complications du diabète
L’alimentation
Au sommet de la pyramide des habitudes à adopter se trouve l’alimentation. C’est le paramètre qui influe le plus sur la maladie et qui est notamment à l’origine du diabète de type 2.
La gestion nutritionnelle du diabète repose sur un équilibre visant à maintenir une glycémie stable tout en protégeant le système cardiovasculaire. Une alimentation adaptée doit avant tout prévenir les pics de glycémie en privilégiant des aliments à index glycémique bas comme les légumes, les légumineuses ou encore les céréales complètes qui permettent une libération progressive du glucose dans le sang. Cette libération lente du glucose s'explique notamment par la richesse en fibres de ces aliments.

Il est également crucial de limiter l’apport en graisses saturées et en graisses trans, que l’on trouve principalement dans les viandes rouges, les produits transformés et les fritures. Ce type de lipides favorise l’accumulation de cholestérol dans les artères, augmentant ainsi le risque de complications déjà élevé chez les personnes diabétiques.
Bon à savoir : Une nutrition qui réduit les risques de complications du diabète peut s’apparenter aux pratiques alimentaires à adopter après un accident cardiovasculaire.
L’activité physique
Il est également essentiel de pratiquer une activité physique quasi quotidienne pour lutter contre le diabète et ses risques de complications. Il ne s’agit pas d’opter pour la performance, mais plutôt d’adopter une routine physique à intensité modérée comme la marche, la natation ou encore le vélo. En d’autres termes, pratiquer une activité qui vous plait et qui vous incite à plus bouger. L’exercice est bénéfique à plusieurs niveaux :
• Il permet un contrôle du poids, ou du moins assure sa stabilité ce qui est vertueux dans le cadre du diabète de type 2 ;
• Le sport aide à la stabilisation de la glycémie grâce à la consommation du glucose par les muscles lors de l’effort ;
• Il favorise le développement des capacités physiques et renforce le muscle cardiaque réduisant de ce fait le risque de complications cardiovasculaires ;
• Il induit une relaxation du corps et de l’esprit par libération d’endorphines durant cette activité et réduit ainsi le stress.
Ce dernier point est souvent sous-estimé, mais le stress joue un rôle prépondérant dans la prévention des complications liées au diabète.
La gestion du stress
Le stress impacte significativement le diabète et sa prise en charge. Face à une situation stressante, notre corps libère du cortisol, l’hormone du stress, qui stimule la production de glucose pour fournir l’énergie nécessaire à l’organisme pour “faire face”. Lorsque le stress devient chronique, cette production excessive de glucose peut déstabiliser l’équilibre glycémique et aggraver le diabète sur le long terme.
Le stress ne se limite pas à ses effets sur le métabolisme, mais affecte également la gestion du diabète d’une autre façon. Il peut influencer de manière négative les comportements, notamment en favorisant une alimentation désordonnée et des envies compulsives. De plus, il tend à diminuer la motivation pour l’activité physique, créant ainsi un cercle vicieux délétère pour la santé du diabétique.
Outre l’activité physique qui aide à combattre l’état de stress, on peut également citer :
la méditation ou le yoga ;
les séances d’acupuncture ;
la pratique de la cohérence cardiaque ;
la pratique d’un hobby ou d’une activité appréciée ;
etc.
Bien qu’il existe d’autres comportements bénéfiques, ces trois aspects fondamentaux constituent une base solide pour adopter un mode de vie plus sain et mieux vivre avec la maladie.
Si vous vous sentez autonome pour mettre en place certaines de ces habitudes, n’oubliez pas que les professionnels de santé sont là pour vous accompagner et représentent un réel soutien face aux difficultés que vous pourriez rencontrer. Vous pouvez notamment faire appel à :
• un sophrologue qui personnalisera des techniques de relaxation pour gérer votre stress ;
• un coach sportif formé à l’activité physique adaptée (APA) qui saura moduler l’intensité de l’effort face au diabète et aux éventuelles complications ;
• etc.
Sources :
Comments